Ce site personnel, construit pour le simple plaisir d'apprendre, sera utile aux amoureux d'aujourd hui et de demain de la Sardaigne, cette île centrale de la Méditerranée, berceau de tant de grandes civilisations. Je le dédie à tous les passionnés des livres que l'on referme avec plus de questions que de réponses, enfin il peut intéresser ceux qui comme moi essaient de pratiquer la libre pensée sans aucune limite fixée par d'autres qu'ils s'appellent parti, famille, religion ou patrie, avec comme seule contrainte, le respect de l'autre et de sa différence.

... ils se souviennent, au mois de mai, d'un sang rouge et noir, d'une révolution manquée qui faillit renverser l'histoire. Je me souviens surtout de ces moutons effrayés par la liberté s'en allant voter par millions pour l'ordre et la sécurité ...

  • Depuis des années, il allait, obscur pionnier des futurs destins. Il avait couru les cités et les villages, là surtout où la torture des peines fait pâtir les petits. Partout, il parlait de révolte. Il ne prônait pas les rénovations qui leurrent les pauvres et rééditent au profit d'appétits nouveaux les vieilles iniquités. Il prêchait la souveraine liberté, la certitude des batailles où pourraient sombrer la misère. Sur la terre remuée par la charrue de justice des vies de bonheur et de lumière devaient fleurir. Son rêve allait vers elles sans une crainte sans une défaillance.

    Marius Renard - Terre de misère

  • Dans le système existant comme dans ceux qui l'ont précédé, les ânes, les paysans, les déshérités sont toujours du côté des perdants. La raison en est simple, ce système n'est pas le leur et ne peut le devenir. Il est même organisé pour ne jamais le devenir et pour les maintenir dans cet état de soumission perpétuelle. Les pauvres resteront toujours les pauvres. Ce n'est pas la démocratie représentative qui apportera le changement.

    Carlo Levi - Le christ s'est arrêté à Eboli

  • Les rebelles sont des précurseurs. Et en tant que tel, excommuniés par les clercs, étouffés par les nomenklaturas. Sur nos terres de liberté, on les accuse d'être en décalage avec les réalités de leur pays.

    Martine Gozlan - Le sexe d'Allah

  • J'ai détesté le nazisme, non pas le jour où il a envahi la France, mais le jour où il a envahi l'Allemagne. S'il avait éclos en France ou en Russie, ou dans mon propre pays, je l'aurais détesté tout autant.

    Amin Maalouf - Les échelles du Levant

  • La foi des lumières dans la perfectibilité infinie de l'humanité - chère aux francs-maçons - se heurte donc à la fabrication d'un régime représentatif chargé de conserver les hiérarchies sociales et d'évacuer le peuple du mouvement de l'histoire.

    Michel Mazzola - Europe, citoyenneté, franc-maçonnerie

  • Il est bien temps d'en finir avec tous les papes et les prêtres, nous n'en voulons plus, alors même qu'ils s'appelleraient des démocrates socialistes.

    Michel Bakounine - Dieu et l'état

  • A quoi sert à un analphabète la proclamation de la liberté de presse ? Un affamé n'a que faire du droit de vote. Celui qui voit mourir de maladie, de misère sa famille ne se préoccupe guère des libertés de penser et de se réunir. Sans justice sociale, la république ne vaut rien. La liberté ne peut s'exercer que par des hommes à l'abri du besoin. Le droit au bonheur est le premier des droits de l'homme.

    Saint-Just

  • Ceux qui pensent arrêter leur regard sur l'horizon et se bornent à regarder ce qu'on voit, ceux qui revendiquent le pragmatisme et tentent de faire simplement avec ce que l'on a, n'ont aucune chance de changer le monde ... Seuls ceux qui regardent vers ce que l'on ne voit pas, ceux qui regardent au-delà de l'horizon sont réalistes. Ceux-là ont une chance de changer le monde. L'utopie, c'est ce que l'on voit au-delà de l'horizon.

    Henri Lefebvre - Le royaume de l'ombre

  • Et le rêve du compagnon s'envola.
    Il s'imagina que les temps étaient venus, que la justice venait de faire sauter tous les réceptacles de la peine jonchés par la terre voisine.
    Ainsi tout disparaîtrait un jour au fond du ciel noir. Une trombe passerait qui renverserait le vieux monde, jetterait l'édifice pourri, dans le sang et la boue des vengeances. Il n'avait pas un seul instant la crainte de voir s'atténuer son espoir. L'éternelle vision des misérables lui faisait pressentir de plus en plus l'inutilité de la charité.
    Il ne savait pas quand se lèverait ce jour. Il le sentait venir, comme si déjà la flamme de son aube animait sa vie... Vers la ligne mauve de l'horizon le soleil descendrait dans une splendeur, sa lumière tombait aux gouffres de l'espace pour éclairer de lointains mondes.
    Et chanteclair s'en alla vers le flambeau annonciateur, vers le symbole.

    Marius Renard - Terre de misère

  • L'injustice sociale est basée sur la résignation du prolétariat. Or, si l'ouvrier jeune ou vieux se met à puiser dans son humble besogne une volupté paradisiaque, tout espoir de juste nivellement doit être abandonné. Léon est très heureux de son sort, il travaille au fond de la mine, dort, cultive les petits pois, l'amitié, les carottes, la plaisanterie et sa voix. Il projette de bâtir un colombier. Que lui faut-il de plus ? A chaque être correspond un espace vital indispensable à son bonheur. Et Léon détient à présent cet espace !

    Léonce Druez - Chronique des Cosaques

  • Depuis plus d’un siècle, tous, adversaires comme partisans, s’accordent à désigner sous le nom de gauche, le vaste mouvement politique et intellectuel qui s’oppose officiellement au système capitaliste et à tous ses méfaits. Comment se fait-il, par conséquent, qu’un mouvement historique d’une telle ampleur (et dont les idées sont dominantes dans la culture contemporaine) n’ait encore jamais réussi à rompre pratiquement avec l’organisation capitaliste de la société, en substituant à cette dernière une société véritablement humaine, c’est-à-dire libre, égalitaire et décente ?

    Jean-Louis Michéa

  • Pour qu'on puisse parler de démocratie, il faut que le débat d'opinion puisse se dérouler dans un climat de relative sérénité; et pour qu'un scrutin ait un sens, il faut que le vote d'opinion, le seul qui soit une expression libre, ait remplacé le vote automatique, le vote ethnique, le vote fanatique, le vote identitaire. Dès que l'on se trouve dans une logique communautaire, ou raciste, ou totalitaire, le rôle des démocrates, partout dans le monde, n'est plus de faire prévaloir les préférences de la majorité, mais de faire respecter les droits des opprimés, au besoin contre la loi du nombre.

    Amin Maalouf - Les identités meurtières

  • Empêtré dans l’écheveau de ses intérêts et de ses passions, l’individu socialement intégré croit volontiers aux vertus de la règle et de l’ordre. De son ordre. Celui qui favorise l’ascension harmonieuse de sa personne dans la hiérarchie des valeurs qui lui sont propres ; celui qui assure le confort douillet de sa famille et la reconnaissance émue de sa clientèle.

    Un ordre différent du sien est appelé désordre ou anarchie. Un ordre semblable au sien, mais appliqué par des forces hostiles, menaçantes pour sa tranquillité morale et son bien-être matériel, est qualifié de totalitaire ou de dangereux pour la paix sociale.

    C’est ainsi que les empires rivaux, qu’ils soient économiques, politiques ou religieux, coexistent ‘pacifiquement’ afin de protéger leurs ordres respectifs contre les assauts désordonnés des artistes, des va-nu-pied, des amoureux, et des mange-petit.
    Entre puissants, hommes de pouvoir ou Etats, on échange volontiers la poignée de mains qui reconnaît la limite entre des territoires et des juridictions, en deçà de laquelle chacun se sent libre d’imposer sa loi à des alliés de fortune ou de châtier les velléités libertaires de quelque ‘client’ récalcitrant.

    Et pourtant, ces ‘enragés’, ces réfractaires de tout poil, forment le noyau qui sera demain source inépuisable du mouvement, alimentant le vivier où l’on pêchera aussi bien les tenants du futur ordre établi que les révoltés de l’avenir.
    Dans un monde qui sait de mieux en mieux faire les choses mais qui sait de moins en moins ce qu’il faut faire et dans quels buts, il nous faut être foyer d’innovation en entretenant en permanence la flamme de l’altruisme responsable. Faute de quoi la culbute inéluctable mettra un terme à la collecte millénaire du beau qui concrétise la face la plus noble de l’esprit humain.

    Jean Semal - Le roman de l'inconnaissance

  • Comme la lucidité se perd avec l'exercice du pouvoir, et comme l'habitude vient vite des hommages les plus obséquieux! Il se laissera, comme tous les autres, prendre au piège de la révérence, quand il régnera, triomphant.
    Il est d'ailleurs fascinant de voir la facilité avec laquelle les hommes, fussent-ils les plus intelligents, les plus fins, les plus avertis, accueillent avec délice la douceur de la flatterie. Aucun compliment ne leur semble assez fort pour rendre compte de leur génie. Jamais ils ne méprisent le flagorneur qui en fait trop, mais au contraire, le regardent avec bienveillance.
    La Fontaine avait-il raison et celui qui caresse la vanité de son interlocuteur est-il toujours gagnant ? Ou plus simplement, les hommes de pouvoir sont-ils à ce point fascinés par leur propre image, pour en chercher en permanence l'écho dans l'oeil des autres ?

    Anne Sinclair - Deux ou trois choses que je sais d'eux

  • On ne change pas seul sa vie. Mais l'objet même de la révolution est de faire de chaque homme un individu plus distinct et plus libre. L'humanité perdrait son mouvement et la faculté d'inventer en perdant le sens de la liberté. Et ce serait encore mal aimer tous ses frères que de ne pas rêver pour chacun d'eux d'un destin particulier et de lui refuser de vivre son drame propre à la mesure de son cœur et de son esprit. Il n'y a pas là de contradiction. La discipline de la fraternité et du combat n'exclut pas la reconnaissance de ces génies différents des hommes qu'il faut à tout prix préserver. Et qui peut savoir ce que sera l'individu dans un monde enfin fraternel ? Il ne trouvait, dans un monde de haine, sa grandeur qu'en s'enfermant en lui-même comme dans un fort, un contre tous. La fraternité lui offrira d'autres chances et d'autres moyens.

    Jean Guéhenno - Caliban parle - 1/1/1945

  • Tout homme qui fera profession de chercher la vérité et de la dire sera toujours odieux à qui exercera l'autorité.

    Condorcet

  • J'accorde qu'il y a des braves gens partout.
    Mais si l'usage autour de vous permet que vous fassiez travailler les gens à dix francs par jour, si bon que vous soyez, l'idée ne vous viendra pas de les payer vingt francs.

    Jean Guéhenno - Ce que je crois

  • … n'ayant qu'un faible espoir d'en sortir ( de la mine ), un grand événement social qui viendra tout bouleverser. Mon espoir est celui de tous les ouvriers, nous attendons quelque chose, nous attendons le Messie …

    Constant Malva - Ma nuit au jour le jour

  • La vraie formule du patriotisme, c'est le droit égal de toutes les patries à la liberté et à la justice, c'est le devoir pour tout citoyen d'accroître en sa patrie les forces de liberté et de justice … Misérables patriotes qui, pour aimer et servir un pays, ont besoin de ravaler les autres, les autres grandes forces morales de l'humanité.

    Jean Jaurès (1905)

  • Des colonnes dans les journaux. Des commentaires. De la boue tant et plus ...
    C'est même, à mon sens, le plus grand scandale de notre époque que la publicité donnée à certaines affaires.
    Un crime est commis? Que dis-je? Un simple vol! La justice est sur les lieux. Mais elle n'y est pas seule. Une nuée de journalistes la suit. Et plus ils tireront de lignes, plus ils découvriront de détails croustillants, plus le public sera content!
    On ne s'occupe pas que du mort et de l'assassin, du volé et du voleur. C'est toute la vie privée d'une maison entière qui sera dévoilée.
    A t-on de vagues soupçons sur quelqu'un? On les publie. La photo paraît dans les journaux. Les paris sont ouverts.
    Peu importe que, huit jours plus tard, une note discrète annonce que ce Monsieur n'est pas coupable. Le mal est fait!
    Et cela se passe chaque jour, dans notre société si soucieuse - qu'elle dit - des droits des individus.

    Georges Sim 1930 - L'homme à la cigarette