L’intégrisme
Faut-il concevoir nos principes démocratiques à la lumière des intégrismes
contemporains ?
Ma réponse est, sans nuance, c’est OUI.
Aucune occasion ne doit être perdue de s’interroger sur les principes démocratiques qui régissent la vie harmonieuse de notre société.
Le simple mot d’intégriste me hérisse, j’y vois déjà des barbus énervés exhorter les foules à la guerre sainte. Voilà bien deux mots qui vont mal ensemble, la guerre, et la sainteté !
Je qualifie les barbus énervés de l’Islam d'intégriste, mais hier et ici, nous
avons eu notre lot d’énervés, sans barbe simplement une petite moustache. Parfois
d’autre donneurs de leçons, entre une soutane et une djellaba de couleur
noir, il y a peu de différence.
L’intégrisme n’est pas uniquement le fruit de l’Islam, il est le produit des
idéologies totalitaires : religieuse, idéologique, économique … aussi.
Que de
points communs entre tous ces intégrismes d’origine différente.
1. l’ intégriste n’a jamais d’interlocuteurs. Il n’en veut pas. Il ne connaît
que des adeptes et des ennemis. Au besoin, il ira jusqu’à sacrifier ses frères
d’hier.
2. l’ intégriste nie la science, le progrès, la pensée libre. Quiconque cherche
une autre vérité est chassé. Dans la baie d’Alexandrie, une bibliothèque fut
anéantie en l’an 391 par des moines. Les intégristes de cette époque n’étaient
pas musulmans.
3. l’ intégriste ne connaît pas le pluriel. Un Dieu, Une idéologie, Un Parti,
Un Dictateur, Une Morale.
4. l’ intégriste religieux nie la moitié de l’humanité : la femme. Ce n’est
pas nouveau. Nous avons attendu 1948 pour accorder le suffrage universel à nos
mères.
LA DEMOCRATIE
C'est d'abord :
1. le droit au bonheur,
2. le principe d’égalité des êtres humains : hommes, femmes, ouvriers, universitaires,
3. l’autonomie de la personne et la primauté de l’individu sur le groupe,
4. la liberté absolue de conscience,
5. le rejet de toutes formes de racisme,
6. le droit au débat et à la critique en toute matière sans exception,
autant de droits fondamentaux espérés par tous les êtres humains.
Enfin, une ultime utopie de démocratie :
un univers émancipé de l’emprise des dieux et des religions. La vigilance
s’impose : de Beaudouin 1er à Benoît XVI, la loi des
hommes doit s’effacer devant celle de Dieu.
Ces droits sont fondamentaux. Ils constituent un socle de base, non négociable.
Quiconque vit au pays des hommes, devrait en bénéficier et les respecter. Au-delà de
ce socle de base, vive la différence.
Le droit au bonheur est le premier des droits de l’homme. Il exige des droits
fondamentaux en matière économique. L’épanouissement de l’homme et le bonheur
ne seront jamais atteints par la pauvreté et l’exclusion sociale.
15 % de personnes vivent au seuil de la pauvreté dans notre pays, nous sommes
dans la bonne moyenne de l’Europe, estiment certains.
Peu importe les statistiques, c’est 15 % de trop.
ELECTION = DEMOCRATIE ?
Sur la rive gauche Renaud, chante :
« si les élections servaient à quelque chose, il y a longtemps qu’on les aurait
supprimées «
et sur la rive droite, j’entends :
« des élections à quoi bon … Dieu décide pour les hommes ».
Nous vivons dans un état démocratique. Merci, je n’ai jamais connu autre chose.
Mais tout est-il parfait ?
1. la primauté de l’individu sur le groupe, qu’en reste-t-il aujourd’hui pour
l’élu dans son propre parti ?
2. le paraître prime sur l’être, être médiatique à tout prix. Les campagnes électorales
ne sont plus que des expositions de photographies. Où sont les projets de société ?
3. la presse d’opinion a disparu, elle était partisane. Remplacée. Les éditeurs
veulent surtout vendre des journaux. Plus que tout autre, le
journaliste a le devoir de tout dire, mais pas de dire n’importe quoi.
4. La démocratie représentative est ternie par la professionnalisation des
politiques.
INTEGRISME, DEMOCRATIE, le paradoxe est partout.
Les islamistes d’ Algérie et d’ Égypte réclament des élections libres.
Et nous voilà obligés de choisir entre la peste et le choléra, un régime policier
ou un régime religieux intégriste ?
Faut-il refuser le suffrage universel à ces peuples ?
Que faire ?
Entre la police et les religieux, il n’y a jamais eu que des pauvres affamés,
loin de nos préoccupations culturelles et philosophiques.
Un déshérité reste d’abord un déshérité, que lui importe le droit de vote et
la liberté de conscience.
Le dilemme est artificiel,
parce que je crois en chaque homme … dès lors que
vive le suffrage universel sur la terre.
Parmi ces hommes du sable, des courageux
se lèveront ou se lèvent déjà pour engager le changement. L’intégrisme, ne
peut mourir que de l’intérieur. Ni les bombes et encore moins la faim et la
pauvreté,
ne donnent naissance au bonheur.
Apportons en toute discrétion, notre soutien à ces porteurs de lumière.
Et puis, ici chez nous, n’y a t-il pas dans les populations d’origine étrangère
des passeurs de culture, véritables ponts entre les hommes ?
Et si nous leur faisions confiance.
Nos identités de base ( sexe, langue, religion, santé, intelligence, richesse
) nous différencient. Nous sommes tous différents. L’extraordinaire de la vie
réside dans ce patchwork d’identités.
Interdire le port du foulard, rejetons surtout l’imposition du foulard.
Quant à l'interdiction des signes religieux ostentatoires, pourquoi pas ! mais ôtons
aussi les crucifix de nos bâtiments
publics, et profitons-en pour éliminer les portraits surabondants de nos souverains.
Ils concurrencent Moubarak au Caire et Ben Ali à Tunis.
Arrêtons surtout ces discussion stériles. La multiple culturalité, réalisons
là !
En conclusion, je n’ai donc que des questions et peu de proposition.
L’homme libre, peut-il se contenter d’écouter et de sourire ?
Quiconque croit à la perfectibilité de l’homme a le devoir de chercher, de parler,
de proposer, d’influencer le cours des événements.
Qu’il pratique aussi la patience, le progrès de l’humanité ne se mesure pas à la
longueur de la vie. Le chemin est long. N’oublions jamais que l’arme la plus
dangereuse est la parole et que nos munitions sont à l’abri dans nos cœurs
et nos bibliothèques.
Améliorions l’homme, et la société changera. N’est-ce pas là le projet des
humanistes ?
Portons chacun une bougie dans la nuit de l’intolérance et de l’ignorance, et
demain ( ou après-demain ) le jour se lèvera au grand soleil de l’humanité.