Rouge et Noir :
Les mineurs borains ne sont pas révolutionnaires par essence, par nature, mais parce que les conditions naturelles et économiques de leur travail ont été les plus dures et les plus pénibles de leur corporation. ...
La population est devenue rouge, la plus rouge du pays au sein du Parti Ouvrier belge fondé en 1885, surtout par des Bruxellois et des Gantois. Les mineurs borains ont alors souvent joué un rôle décisif pour l'ensemble de la classe ouvrière dans la conquête de ses droits.
Source: Jean Puissant, Autour des fosses.
1914 :
il y a cent ans ( hier ... ) l'âge minimum du travail des enfants est porté à 14 ans. En 1885 ( avant-hier ... ), 2.577 enfants du Borinage travaillait au fond de la mine.
Boussu-Bois, l'église catholique et les charbonnages :
Les habitants de Boussu distinguaient soigneusement le Centre de Boussu, peuplé de ‘bourgeois’ (petits commerçants, employés, médecins, avocats), de cheminots, de métallurgistes et de quelques verriers et Boussu-Bois, où se concentraient les mineurs. Même dans ce hameau, on trouvait des quartiers très individualisés. Les habitants de Saint-Charles considéraient que leur religion leur donnait une meilleure tenue et un genre de vie plus élevé que les autres. À Saint-Joseph, le quartier le plus isolé, fief socialiste doté de sa maison du peuple, on fustigeait les ‘jaunes’ de Saint-Charles. Au milieu se trouvait Saint-Antoine, le quartier le plus pauvre et le plus insalubre. Malgré leurs antagonismes, les habitants de Boussu-Bois se retrouvaient dans une commune, antipathie envers les ‘bourgeois’ du Centre, allant jusqu'à faire leurs achats à Dour.
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L'Église catholique était un rouage essentiel d'une vaste entreprise d'encadrement de la vie du mineur du berceau à la tombe. Elle y gagnait une visibilité sociale indéniable, matérialisée par le rôle des religieuses, responsables de l'hôpital, des loisirs des jeunes filles via le jardin d'enfants, le patronage et l'ouvroir, parfois institutrices de l'école libre. Mais elle en payait aussi le prix, dans la mesure où le patronat avait longtemps associé l'Église à des mesures répressives, abandonnées pour la plupart avant l'entre-deux-guerres. La pratique dominicale était sévèrement contrôlée, les pratiquants se voyaient réserver les meilleures veines, tandis que les autres faisaient l'objet de mesures vexatoires; il fallait un certificat de communion pour être embauché à douze ans au lieu de treize, et un acte de mariage religieux pour obtenir une maison.
Cette politique contribua certainement à ancrer un stéréotype faisant du pratiquant un ‘jaune’, stéréotype que nous avons vu à l'œuvre dans le jugement que les habitants du quartier St-Joseph de Boussu-Bois portaient sur ceux du quartier St-Charles. Certains curés eurent à subir les brimades réservées à cette catégorie de la population. Il est vrai que leur dépendance vis-à-vis des compagnies limitait leur marge d'action. Yves-Marie Hilaire a montré combien les mines avaient empêché le clergé de relayer les revendications ouvrières.
Source: http://www.normalesup.org/~dthiriet/these.pdf
Extrait d’une thèse au grade de doctorat en Histoire, Université Catholique de Lille, par Damien Thiriet. La religion des milieux ouvriers catholiques dans les bassins houillers franco-belges et haut-silésiens (1922-printemps 1939).
Janvier 2015 : 180 personnes habitant Boussu perdent leurs droits aux allocations de chômage.