Ce site personnel, construit pour le simple plaisir d'apprendre, sera utile aux amoureux d'aujourd hui et de demain de la Sardaigne, cette île centrale de la Méditerranée, berceau de tant de grandes civilisations. Je le dédie à tous les passionnés des livres que l'on referme avec plus de questions que de réponses, enfin il peut intéresser ceux qui comme moi essaient de pratiquer la libre pensée sans aucune limite fixée par d'autres qu'ils s'appellent parti, famille, religion ou patrie, avec comme seule contrainte, le respect de l'autre et de sa différence.

... ils se souviennent, au mois de mai, d'un sang rouge et noir, d'une révolution manquée qui faillit renverser l'histoire. Je me souviens surtout de ces moutons effrayés par la liberté s'en allant voter par millions pour l'ordre et la sécurité ...

2010 : le retour vers Cagliari et l'Iglesiente.

C'est reparti pour le cinquième voyage. Le débarquement a eu lieu à l'aube du dimanche 11 avril. On commence par un arrêt technique à l'aéroport d’Alghero, le temps d'embarquer deux 'courageux' voyageurs. Il est vrai qu'il y a encore plus de place dans les avions de Ryanair que dans le car de Jacques.

il a belle allure, notre guide, Angelo !

Première visite culturelle à l'église romane (XIIème siècle) de Saccargia :Basilica della Santissima Trinità di Saccargia,une des perles de l'art roman. Des roches noires (du basalte, d'origine volcanique) et blanches (du calcaire). Située en bordure de la route Sassari - Olbia, elle est une des églises romanes les plus visitées dans l'île. La région est riche en églises romanes, à visiter : San Pietro di Sorres a Borrutta,ce sera pour l'année prochaine.

La route vers Tempio traverse d'immenses forêts de chêne-liège. Dès que le tronc atteint 70 cm de circonférence, on enlève la première écorce, qui est d'une qualité insuffisante. Ce n'est donc qu'après une vingtaine d'années que l'on récoltera du liège propre à l'exploitation. Celle-ci se déroulera régulièrement tous les 7 à 10 ans. La récolte se déroule en pleine sève, juillet-août. Les fabrications les plus connues : bouchons et panneaux d'isolation. La Sardaigne est un gros producteur en Italie. En Europe, c'est de loin le Portugal qui est le producteur le plus important.
Nous arrivons au village d'Aggius, en commençant par visiter les environs: Valle della luna, un paysage lunaire, la terre sarde bombardée de roches de granit, c'est impressionnant et si l'île n'est plus volcanique, pas de doute, elle l'a été - il y a très longtemps : 20 millions d'années.

les dirigeants : Torre, Carlo et Jacques
Aggius - Valle della luna

Aggius est un très beau village, propre, garnis de belles maisons en pierre de granit. Aggius possède un musée ethnographique remarquable ( des métiers à tisser, des costumes, une habitation du début du siècle ) et un ensemble polyphonique de réputation internationale: il coro di Aggius, dont l'origine est très ancienne. Nous irons même à la messe pour les entendre chanter, mais nous ne savions pas encore que nous aurions droit à un récital en notre honneur au sein même du musée.

Après le repas à Calangianus - petit village industriel spécialisé dans la transformation du liège - nous entamerons le long voyage vers Cagliari. Ce car n'avance pas dans la plaine du Campidano. Nous mettrons quatre heures pour gagner notre hôtel à Quartu Sant'Elena, dans la banlieue de Cagliari. Enfin, pour les borains amateurs de football, la joie est au rendez-vous. David a encore vaincu Goliath, les pauvres ont vaincu les riches et le RAEC Mons s’en est retourné bredouille vers sa capitale culturelle. Vive les Francs Borains ( c’est du football ).

San Sperate
Chiesa San Giovanni

Le beau temps est toujours de la partie. Le matin, nous irons à San Sperate, un gros village - 7.000 hab. - situé dans la plaine fertile du Campidano à 20 km au nord de Cagliari. La caractéristique de ce village est culturelle, que de fresques murales, que de petites sculptures en granit. Il est vrai que San Sperate est le village de l’artiste Schilio. Notons les maisons à cour intérieure et grande porte en forme d’arcade, le plus souvent en bois. Que dire d’autres, sinon que notre ami Erminio fait preuve d’un grand courage, qui donc a osé l’envoyer dans ce voyage très fatigant ?

L’après-midi, longue route tortueuse vers le temple d’Antas situé à Fluminimaggiore, magnifique temple reconstitué partiellement (récemment) dans une nature intacte, ce que sait encore offrir la Sardaigne. Le temple punique (carthage) remonte au VIème siècle av.J-C., bâti pour adorer la divinité de Sardus Pater Babai. Le temple romain fut reconstruit par l'empereur romain Caracalla (211-217). Mais ce n'est qu'en 1836 que le temple d'Antas fut découvert par le général Alberto La Marmora. L’Iglesiente était une région particulièrement riches en minerais … de zinc (Buggeru), de plomb (Monteponi), de charbon (Serbariu), … Aujourd’hui, il ne reste que des ruines de ce passé industriel. Et puis, c’est la descente magnifique vers Buggeru, petit port, ex-terminal pour l’exploitation minière. Des côtes extraordinaires, où alternent comme si souvent en Sardaigne: des falaises, des roches, du sable fin, et une mer turquoise qui apporte au paysage une sérénité d‘un autre temps.

Tempio di Antas
Sardus Pater Babai ?
Buggeru

La ville de Cagliari nous attend. La confusion aussi, en cette seconde journée, cela commence par quelques achats pour Jean-Marie et Michel dans une armurerie locale. Après cela, qui me fera croire que les bandits sont sardes ! En conséquences, il y a dispersion naturelle du groupe dans la ville. Nous irons vers les bastions et particulièrement la bibliothèque de l’Université de Cagliari, créée sous la domination espagnole et ouverte au public en 1792. Dans la salle principale, on y trouve 12.000 livres tous antérieurs au 20ème siècle. Nous aurons même accès, après autorisation, à la chapelle de la bibliothèque qui contient les livres les plus précieux, dont une reproduction manuscrite de l’œuvre majeure de Dante : la Divine Comédie. L’après-midi, autre confusion, il est vrai que notre guide est en vacances avec nous, l’amphitêâtre romain est fermé, de même que l’église de Sant'Ignazio, enfin ce sera le jardin botanique, ouvert au public, mais sans guide nature, c’est quand même difficile.

Municipio di Cagliari
Sala Settecentesca

Le soir, soirée folklorique et gastronomique à Sinnai, le village de Maria. On part tôt pour une promenade en ville et l'un ou l'autre musée de la bière. Excellent repas, danses et chants sardes accompagneront notre repas durant toute la soirée. Cela ne valait pas Maracaloganis (en 2007), mais enfin, ce n’était pas si mal, le chef chanteur Baldini nous a quand même épaté.

Mercredi, départ vers le Media Campidano, notre guide Torre est hors course, trop d' abba ardente ou pas assez ?

Matinée de rêve dans la Giara di Gesturi, cette réserve naturelle de 42 km2 établie sur un haut plateau balsatique d'origine volcanique, à une hauteur de 600 m. Roberto nous y balladera durant deux bonnes heures avec une belle récompense en fin de parcours : notre rencontre avec les chevaux sauvages de la Giara. Ces chevaux sauvages seraient les seuls en Europe à vivre en pleine nature, sans intervention de l'homme. Une race d’origine arabe, 120 cm au garot, de couleur noire ou brune, ils sont quelques 500 regroupés en famille d'une dizaine d'individus. Une famille est en général constituée d’un cheval, deux à trois juments et de quelques petits, chaque famille posséde sa zone d’habitat. Sur la Giara - rigoureusement horizontale - , des cuvettes d’eau - réservoir d’eau de pluie - se forment en hiver et alimentent en eau courante nos chevaux. En ce jour de printemps, les étangs sont recouverts de renoncules blanches.

Le sommet du voyage, certainement.

Orchide farfalla
Yuri au travail
Giara di Gesturi

L’après-midi recommence fort, Torre nous déconseille la prochaine visite, le site nuragique de Genna Maria (localité de Tuili), ensuite une tombe de géants. On sent que notre guide a envie de rentrer. Nous irons quand même voir - sous une pluie battante - le puits sacré de Serri. La visite est écourtée, la moitié du car nous attend au musée local de la bière.

Jeudi : départ vers l’île de Sant’Antioco via Carbonia, la cité minière avec ses châssis à molettes et son musée de Serbariu, que nous avons visité il y a trois ans. Visite de l’église et des catacombes. A 15 heures, nous embarquons vers l’île de San Pietro, nous y serons en trente minutes. L’île de San Pietro est habitée par une population d’origine génoise. Au temps de sa splendeur, la République ( quel beau mot, que République ! ) de Gênes possédait de nombreuses îles dans la Méditérranée, et notamment l’île de Tabarka au nord de la Tunisie. Cependant, pour se protéger définitivement ( sic … ) des invasions arabes, les Gênois demandèrent leur transfert vers San Pietro, et aujourd’hui encore ils sont sardes mais d’origine génoise. Une longue ballade dans ses rues et places. Et on ne verra pas l’église de Tratalias, qui au suffrage universel est remplacée par le magasin Gieffe à Quartu Sant' Elena, Jean-Marie en profitera pour ramener quelques caisses de bière sarde en Belgique, il était sans doute venu avec quelques caisses de vin belge en Sardaigne.

Sant'Antioco
deux braves: Lucio et Davide
il doit tout faire dans ce voyage, Carlo
San Pietro

Vendredi : on entame le grand retour vers Porto Torres. Arrêt culturel à Sardara pour y visiter le musée archéologique local et le puits sacré, quelques uns dont je faisais partie, ont opté pour un musée de la bière. Arrêt gastronomique au restaurant 'il caminetto’ à Cabras. Et en route vers Chiaramonti - le village natal de Carlo, dommage pour tous ceux qui auraient préféré la route panoramique Bosa - Alghero. Mais c’est comme cela, et puis on peut quand même faire plaisir à Carlo et Maria. Le temps presse, on dépose alors Torre, Michel et Giovanna à Sassari. De retour en avion, il n’y en aura pas ce samedi après-midi, une cheminée naturelle de l’Islande a obscurci le ciel de l’Europe. Et une semaine de congé en plus pour Michel !

Sardara
Erminio, devant les étangs de Cabras
Odette et Michèle
la squadra 2010

Et voilà, le cinquième voyage est terminé. Le temps des conclusions est venu. Et comme toujours des hauts et des bas, Carlo en était tout retourné et cela n’est pas juste, car son dévouement et sa gentillesse sont sans limite. Qu’il est difficile de contenter tout le monde, dès qu’il y deux personnes, il y a deux avis, alors à 35, vous voyez la difficulté. Entre Odette, qui veut des sites nuragiques, Françoise des ballades fleuries, Davide des bistrots et Jean-Marie des magasins, trouver le juste milieu n’est pas facile. Soyons positifs, il y avait quand même il coro di Aggius, la Giara di Gesturi, il tempio di Antas, les panoramas sur la mer de Buggeru, la bibliothèque de l’Université de Cagliari, l'isola di San Pietro. Avec notre guide, Torre, a posteriori je pense que nous nous sommes montrés exigeants, voire ingrats. Mais, qu’il était difficile de succéder au charme et au dynamisme de Bibiana.

Et finalement, il y a eu cette grande fraternité envers Erminio. Ceux qui l'ont chargé dans ce car pour un voyage fatigant, ont bien fait. Tous ensemble, nous lui avons apporté de l'affection et de la joie pour une année. Non, ce n'était pas le dernier voyage d'Erminio.